L'enceinte du 3ème siècle

Au milieu du IIIe siècle, les premières invasions plongent la cité dans une crise démographique que l'on devine grave. Réduite peut-être à 2000 ou 3000 habitants (au lieu d'environ 8000 quelques décennies plus tôt), la cité s'enferme sur elle-même et bâtit une première enceinte englobant l'extrémité nord de l'éperon.

Elle est réalisée à l'aide de blocs provenant de bâtiments probablement abandonnés et démolis. Les limites Sud de cette enceinte se situent le long des rues Boulière, de la Boucherie, du Petit-Cloître et Lhuillier. Les maisons nord de ces rues sont adossées à cette enceinte dont certains pans sont visibles dans les caves, les greniers ou les cours intérieures.

 

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Photo, © Angelique Roze

L'enceinte du 13ème siècle

Cette seconde enceinte repousse les défenses une centaine de mètres plus au sud de l'enceinte précédente. Elle englobe également le quartier de Sous-Murs se situant sur les flancs est de la cité.

Equipée de quelques tours et de quatre portes (actuelles portes Boulière et Henri IV, anciennes portes Lambert-Payen et Chambeau), c'est principalement une limite fiscale destinée, pour le compte de l'évêque, à contrôler le champ de foire (actuelle place Diderot).
Les limites Sud de cette enceinte se situent le long des rues des Terreaux, du Grand-Bie et du Petit-Bie. Elle est en partie visible entre la tour Saint-Didier et la porte Boulière, ainsi que dans le mur de soutènement de la cour du collège Diderot (rue du Petit-Bie).

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L'enceinte du 14ème siècle

La construction de l'enceinte du XIIIe siècle ne résolvait pas le problème crucial de la protection des "nouveaux" quartiers sud créés depuis le XIe siècle autour des établissements religieux de Saint-Martin, Saint-Amâtre et Saint-Ferjeux.

Au milieu du XIVe siècle, en prévision de la future guerre de Cent Ans, une nouvelle et vaste enceinte est construite afin de clore définitivement la cité en intégrant ces quartiers. Elle est intégralement financée par les habitants eux-mêmes qui obtiennent le droit de se réunir pour collecter l'impôt et ainsi former l'embryon de l'administration communale. Cette enceinte est longue de plus de 1000 mètres, compte 8 tours carrées et une seule porte au sud (la porte des Moulins).

En prévision d'une augmentation démographique, elle intègre de vastes parcelles non bâties. Suite à la Grande Peste et la longue guerre contre l'Angleterre, certaines parcelles demeureront non construites ; l'actuel camping municipal en est la lointaine trace.

Les ouvrages du 15ème siècle

La seconde moitié du XVe siècle marque l'adaptation de l'enceinte aux progrès de l'artillerie à feu. Celle-ci devient plus précise et mobile grâce à l'utilisation :

- de fûts moulés d'une pièce (et non plus soudés),
- de boulets métalliques (et non plus en pierre),
- d'une poudre noire bien dosée,
- d'affuts permettant de déplacer la pièce rapidement.
A Langres, certaines tours sont adaptées (larges embrasures pour armes à feu aux tours Saint-Didier et Virot). Vers 1470, la première tour d'artillerie est construite : la tour Saint-Ferjeux.

Elle est ronde, ses murs sont épais de plusieurs mètres et sa vaste terrasse sommitale peut accueilir au moins quatre canons de gros calibre permettant de balayer le plateau en avant de la ville.

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Les ouvrages du 16ème siècle

La première moitié du XVIe siècle va amplifier le mouvement du siècle précédent. Des ouvrages toujours plus imposants vont être construits à grands frais :

- la tour de Sous-Murs (1502)
- les tours de Navarre et d'Orval (1512-1519)
- la tour du Petit-Sault (1517-1521)
- la tour Saint-Jean (vers 1538)
L'épaisseur des murs peut atteindre 7 mètres. Les salles voûtées sont puissamment casematées et les terrasses à l'air libre accueillent une artillerie toujours plus nombreuse.
A la fin du siècle, en 1566, le premier bastion est construit à l'angle nord-est : la tour Piquante.

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Les ouvrages du 17ème siècle

Au XVIIe siècle, c'est principalement le front sud qui fait l'objet de toutes les attentions.

A partir de 1643, suite à la visite du roi Louis XIII quatre ans plus tôt, un bastions et deux demi-lunes sont construits entre les tours Saint-Ferjeux et de Navarre, en avant de l'enceinte du XIVe siècle.

L'actuelle porte des Moulins est achevée en août 1647 ; son décor constitué de trophées et d'ennemis enchaînés annonce les victoires françaises de la guerre de Trente-Ans.
A la fin du siècle, un chemin couvert est aménagé autour de la place-forte afin de mieux couvrir les glacis.
En 1698, Vauban visite Langres et fait dresser un plan des fortifications. Cependant, les frontières ayant reculé suite à l'annexion de la Franche-Comté et la pacification de la Lorraine, il n'ordonne aucun travaux et préfère se concentrer sur Besançon ou Belfort.

Ainsi, Langres, ville fortifiée par excellence, ne possède donc aucun ouvrage de Vauban !

Télécharger le plan des différentes enceintes

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Toute l'histoire des fortifications de Langres