1914-1918

Langres en guerre

Grâce à l'application Id-Vizit, le visiteur découvre la ville de Langres à travers le prisme de la première guerre mondiale. Chaque lieu repéré par un numéro est remis dans le contexte de l’époque à travers des photos, des textes et des anecdotes, voire parfois des films d’époque.

Au moment de déclaration de guerre à la fin du mois de juillet 1914, Langres est une petite ville ne vivant quasiment que de l’agriculture, des droits d’octroi prélevés à ses portes et de la garnison du 21e Régiment d’Infanterie dans ses casernes.
Le 31 juillet 1914, la presse locale publie à travers un article intitulé « SANG-FROID » un état de la situation à Langres à quelques heures de la déclaration de guerre. L’inquiétude est palpable : la population fait des réserves de vivres et d’argent, et les gamins interpellent les officiers : « Monsieur, est-ce que c’est déjà la guerre ? »

Sans le savoir, le journaliste dans sa conclusion prend le contrepied d’une situation qui va bientôt basculer dans un conflit à l’horreur jusqu’alors inconnue : « Nous l’écrivons avec plaisir. La population langroise reflète le sentiment national. Et la dignité de la France, à l’heure actuelle, sera très vraisemblablement, un facteur de paix. » L’avenir prouvera le contraire…

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1944 - La libération

Le contexte

Le 6 juin 1944, les alliés de l’opération Overlord débarquent en Normandie. En de longs et durs combats, ils se dirigent vers l’Est ; la 2e Division Blindée de Leclerc libère définitivement Paris le 25 août.

Le 15 août, le débarquement en Provence de l’opération Dragon ouvre un second front au Sud ; les alliés, dont la 1ère Division Blindée du général de Lattre, remontent et libèrent les vallées du Rhône et de la Saône.

A Langres, depuis la fin du mois d’août, les troupes allemandes sont fébriles. La plupart des portes sont condamnées et murées (hormis les portes des Auges et des Terreaux qui sont partiellement barrées et minées), le chemin de fer à crémaillère est interrompu. Début septembre, l’eau et l’électricité sont coupées.

Le 11 septembre, Dijon est libéré. Vers 21h, un groupe de Forces Françaises de l’Intérieur agissant en avant des éléments de pointe de la 1ère DB et sous le commandement du lieutenant FFI Slim (alias André Didier) libère Longeau.

Le 12 septembre 1944 ...

Vers  8h30 : Le lieutenant Slim décide de poursuivre vers Saints-Geosmes qu’on dit défendu par une trentaine d’allemands faiblement armés.
Couvert par quelques véhicules légers, il pense prendre le village sans trop de mal. Arrivé à quelques centaines de mètres au Sud du village, le convoi est stoppé par un tir nourri et inattendu de mitrailleuses et d’artillerie. Au cours de l’accrochage, le lieutenant Slim est tué. On sait désormais que l’ennemi est prêt à résister au Sud de Langres.
17h30 : Les premiers détachements américains de l’opération Overlord sont signalés sur la route de Langres à Neufchâteau. La jonction tant attendue des deux armées est proche ; à peine quelques kilomètres ! Les troupes allemandes du centre de la France sont désormais encerclées.

22h : Une réunion de commandement se tient à Longeau. Elle rassemble l’état-major du 2e Régiment de Cuirassiers (blindés), du 2e Régiment de Spahis (blindés légers) et les représentants des FFI locaux (le colonel de Grouchy).
Il est décidé pour le lendemain d’encercler Langres afin de couper la retraite aux troupes ennemies et d’attaquer la citadelle où seraient retranchés environ 3000 hommes.

 

Le 13 septembre ...

A partir de 6h30 : Comme prévu, les Spahis quittent Bourg et se dirigent vers Saints-Geosmes. Ils sont bientôt bloqués par les tirs de l’ennemi retranché dans le village.

8h : Les chars légers et l’artillerie entrent en action afin de prendre le village en tenaille…

9h : Avant même la libération de Saints-Geosmes, un escadron de blindés du 2e Cuirassiers (sous le commandement du capitaine Fougère) entreprend de contourner Langres par l’Ouest en s’infiltrant dans la vallée de la Bonnelle et sur les hauteurs du plateau entre Noidant et Perrancey. Se joindront au détachement les FFI du maquis d’Auberive.

9h30 : L’ennemi, pris à revers, bombardé et complètement encerclé dans Saints-Geosmes, se rend. Il est fait une trentaine de prisonniers ; un canon de 105 mm, un mortier de 210 mm et une mitrailleuse sont pris.
Les Spahis progressent vers Langres dont ils aperçoivent les tours de la cathédrale.
Un détachement de blindés (sous le commandement du commandant Létang) commence sa manœuvre de contournement de Langres par l’Est, via Corlée et Peigney. L’objectif est d’établir la liaison avec l’escadron Fougère au Nord de Langres afin d’encercler complètement la ville.

11h : 1er assaut des Spahis contre la citadelle. La porte de la demi-lune (ouvrage avancé de la porte principale) est prise, mais les 25 mètres la séparant de la porte principale sont complètement à découvert et à sous le feu ennemi puissamment retranché dans la citadelle.. L’assaut est stoppé, les Spahis se retirent à quelques centaines de mètres.

Ironie de l’histoire : la citadelle de Langres construite au milieu du XIXe siècle connaît à cette occasion son « baptême du feu » ! Celui-ci est singulier, puisque la citadelle est alors « défendue » par des troupes allemandes et « attaquée » par des troupes françaises. Elle avait été conçue pour le contraire !
Le détachement Létang atteint l’intersection de la route de Vesoul et du canal de la Marne à la Saône.

12h : Le carrefour Neufchâteau-Chaumont, au pied de la colline des Fourches, est atteint par le détachement Fougère.

13h : Les blindés du capitaine Fougère prennent position au sommet de la colline des Fourches et bombardent l’arrière de colonnes allemandes se repliant vers l’Est. Sans le savoir, ils tirent sur le gros des troupes et du matériel lourd venant de quitter Langres dans la matinée. Désormais, la ville n’est plus occupée que par environ 300 allemands essentiellement retranchés dans la citadelle ; mais à cet instant, les différents détachements blindés ne le savent pas !
Le détachement Létang atteint le pont de Peigney sur le canal : il est intact ! L’ennemi l’a miné, mais n’a pas eu le temps de le faire sauter.
Langres est totalement encerclée, mais l’ennemi y reste retranché !

13h30 : Une soixantaine de parachutistes américains et un groupe de FFI rejoignent les Spahis et occupent les fossés de la citadelle.

14h : Violente préparation d’artillerie et bombardement de la citadelle avant le second assaut des Spahis.

15h : Assaut des blindés du 2e Spahis. Ils progressent jusqu’à la demi-lune conquise en fin de matinée, mais sont à nouveau stoppés par les tirs d’artillerie ennemis à bout portant prenant la route en enfilade.
Au même moment, les FFI de Langres réussissent à entrer en contact avec le détachement Létang : ils leur annonce que les allemands n’occuperaient plus que la citadelle !
Aussitôt, le détachement se rue vers la ville. Les pentes Est sont gravies par la côte des Auges.

15h30 : Le capitaine Baudouin, accompagné d’une équipe de sapeur, tente de faire sauter la porte à l’explosif. Il est fauché par une rafale de mitrailleuse. Mortellement atteint, il est ramené dans les lignes où il décède. A moins d’accepter de nombreuses pertes, la citadelle ne peut être prise de ce côté !
Le barrage de la porte des Auges est forcé par les blindés du détachement Létang. Ils entrent en ville par la porte des Moulins : quelques escarmouches et de courts échanges de tirs. Langres est libérée, les cloches de la cathédrale et de Saint-Martin sonnent à toute volée !
Mais on signale des allemands encore retranchés dans la tour de Navarre et surtout dans la citadelle !

16h : Le char « Saint-Raphaël » du détachement Létang s’avance dans le champ de Navarre : quelques coups de semonce sont tirés en direction de la tour de Navarre. Le capitaine Ardisson s’avance en direction de la porte et somme les allemands de se rendre. Il a juste le temps d’éviter une grenade lancée dans sa direction, le « Saint-Raphaël » met en joue la tour, mais un drapeau blanc apparaît : cinq officiers allemands, dont le commandant de la garnison, se rendent.
Pendant ce temps, les blindés du détachement Fougère forcent le barrage de la porte des Terreaux et poussent jusqu’à la citadelle afin de prendre l’ennemi à revers. La ville qui vient d’être libérée est déjà pavoisée par les habitants qui acclament leurs libérateurs !

16h30 : Le char « Dupleix » (exposé rue du Drapeau à Dijon), suivi de quatre autres blindés, engage un bref mais intense duel d’artillerie à bout portant avec un canon de 105 mm allemand installé sous la porte Nord de la citadelle.
La pièce allemande est détruite ; un officier allemand brandi un drapeau blanc. Après tractation, le capitaine Fougère autorise les troupes allemandes à sortir de la citadelle en rangs et en armes avant de se rendre.

17h30 : Les derniers soldats allemands (300 au total) se rendent et livrent leur matériel.

Les jours suivants, les combats continueront pour la 1ère DB qui obliquera vers l’Est, laissant la 2e DB libérer le Nord du département. Le 15 septembre, la Haute-Marne sera entièrement libérée.

Toute l'histoire des fortifications de Langres